Les marchés des titres à revenu fixe canadiens à l’aube d’une nouvelle ère

Depuis deux ans, les marchés des titres à revenu fixe à l'échelle mondiale connaissent une transformation profonde qui demande aux investisseurs obligataires de s'adapter. Au cours de cette période, le Canada et les États-Unis – deux pays qui entretiennent des liens commerciaux étroits – ont fait évoluer leurs politiques monétaires en tandem pour atténuer les effets négatifs des facteurs externes.

C'est ainsi que pendant la pandémie, la Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine ont adopté des programmes de rachat d'obligations et d'assouplissement quantitatif pour prévenir tout ralentissement économique. Mais au sortir de la pandémie, l'inflation a bondi sous l'effet des perturbations aux chaînes d'approvisionnement, de la montée de la demande pour les produits et services et des vastes mesures de relance. Directement ou indirectement, ces facteurs ont nui à la négociation de dérivés sur taux d'intérêt à court terme et aux portefeuilles de titres à revenu fixe.

S'adapter à la volatilité des marchés

En 2022, les investisseurs obligataires ont dû faire face à un scénario cataclysmique de montée des prix, de craintes de ralentissement de la croissance économique et de volatilité sur le marché du logement. Dans ce contexte, les banques centrales des deux pays ont resserré rapidement leurs politiques monétaires autrefois accommodantes et haussé massivement leurs taux pour juguler l'inflation.

Les marchés obligataires ont tendance à anticiper les interventions sur le plan des politiques monétaires, mais compte tenu des conditions géopolitiques en cours, leur réaction a été retardée. Pour leur part, les investisseurs ont dû s'adapter en toute vitesse au durcissement de ton des banques centrales. En effet, après une longue période de taux d'intérêt presque nuls, les taux obligataires ont marqué un revirement et au second semestre, ils avaient augmenté de jusqu'à 4 points de pourcentage.

À la Bourse de Montréal (MX), depuis quelques années, nous ne ménageons aucun effort pour élargir notre offre de produits inscrits afin de tracer une solide courbe canadienne des taux. Que ce soit par l'intermédiaire du contrat BAXMC, du contrat à terme sur le taux CORRA de 3 mois ou des contrats à terme sur obligations du gouvernement du Canada de 2, 5, 10 et 30 ans (CGZMC, CGFMC, CGBMC et LGBMC), les investisseurs disposent d'un moyen rapide et efficace d'investir dans l'économie canadienne et d'atténuer les risques dans différentes situations. Pour s'attaquer à la volatilité, les gestionnaires peuvent rééquilibrer leurs portefeuilles d'actions et de titres à revenu fixe à l'aide de stratégies synthétiques de superposition, qui consistent à utiliser les contrats à terme sur obligations, à négocier sur la courbe et à effectuer des rajustements sur le plan de la durée.

D'après notre observation des tendances sur le marché et de l'activité de négociation à la MX, les investisseurs tiennent compte de la hausse des taux d'intérêt dans leurs décisions de placement, tout particulièrement au début de la courbe. De plus, comme les investisseurs commencent à voir les conditions économiques du Canada sous l'angle du long terme, nous commençons à voir une amélioration de la liquidité vers la fin de la courbe, tout particulièrement du côté du contrat à terme sur obligations du gouvernement du Canada de 10 ans et, dans une moindre mesure, de 30 ans.

Comprendre l'économie canadienne

En tant que membre du G7, le Canada dispose d'une économie hautement développée et diversifiée. Ses principaux moteurs de croissance sont les secteurs de l'immobilier, de la fabrication, des services financiers, des ressources naturelles et de l'énergie. L'économie canadienne a longtemps été axée sur les marchandises, comme en témoigne la part importante des importations et exportations sur le PIB. L'économie s'est diversifiée au cours des dernières années, mais l'énergie et l'extraction minière demeurent des secteurs essentiels et contribuent aux profits des entreprises et aux recettes du gouvernement.

Malgré un repli initial provoqué par la pandémie, l'économie canadienne s'est ressaisie au cours du second semestre de 2020, puis en 2021. En 2022, la combinaison des conditions géopolitiques, des tendances macroéconomiques et de la vigueur des produits des marchandises fait du Canada une cible encore plus intéressante pour les investisseurs.

Les investisseurs mondiaux à la recherche de rendement en revenu peuvent avoir l'impression que le Canada tire de l'arrière par rapport aux États-Unis et à l'Australie. Pourtant, nous sommes loin devant la plupart des pays européens, ce qui ouvre la porte à de belles occasions interdevises dans un contexte où les banques centrales veulent contrôler les pressions inflationnistes et éviter tout ralentissement économique extrême.

Les investisseurs s'attendent à d'autres épisodes de volatilité parce que les mouvements sur la courbe des taux entre les contrats à terme sur obligations du gouvernement du Canada de 2 et de 10 ans sont à des planchers historiques (il y a inversion). À titre d'exemple, l'écart entre le contrat de 2 ans et celui de 10 ans était généralement de 100 points de base, mais aujourd'hui, il est de -60 points de base.

Comparaison des marchés américain et canadien

Les marchés canadien et américain du logement ont certains points en commun, mais diffèrent sur le plan de la demande. Au cours des dernières années, les deux marchés ont connu une hausse des prix des habitations en raison de la faiblesse des taux hypothécaires. Mais depuis quelques mois, les mesures anti-inflation de la Banque du Canada et de la Réserve fédérale ont fait augmenter les coûts d'emprunt à court terme et commencé à refroidir les marchés du logement.

Cela dit, l'une des principales différences entre les deux marchés réside dans le fait qu'aux États-Unis, le taux hypothécaire de référence est de 30 ans, alors qu'au Canada, il est de 5 ans. En d'autres termes, au Canada, la liquidité est généralement plus présente dans les produits inscrits au début de la courbe des taux. Au 31 octobre 2022, les volumes depuis le début de l'année pour les contrats à terme du gouvernement du Canada de 2 ans (CGZ) et de 5 ans (CGF) à la MX ont augmenté de 143 % et de 30 %, respectivement.

Pour 2023, les taux des produits sur taux d'intérêt à court terme de la MX tiendront compte à la fois des conditions économiques de récession qui s'installeront au cours des 6 à 12 prochains mois ainsi que des baisses de taux potentielles de 2024. Voilà qui, à notre avis, devrait entraîner une hausse des opérations sur les produits inscrits sur les segments de 2, 5 et 10 ans de la courbe canadienne des taux tout en permettant aux gestionnaires de prendre position sur la pente de la courbe et de contrôler la durée de leur portefeuille en conséquence.

 

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